Le marché du DAM en 2025

Avec l’accélération des nouvelles technologies autour de l’intelligence artificielle et celle de la diffusion des médias pour le e-commerce, les solutions de digital asset management (DAM) ont retrouvé, ces dernières années, leurs lettres de noblesse comme pilier de support des médias au cœur de l’entreprise. Voici l’état du marché des solutions de DAM en 2025.

Le besoin en image n’a jamais été aussi important, car il est le levier de l’expérience client : c’est elle qui, a un moment, va engager l’internaute dans une décision d’achat sur une plateforme de e-commerce, mais aussi l’aider à découvrir le patrimoine d’une marque, voire à visiter un musée, avec des médias de plus en plus riches et en très haute définition.

C'est quoi le DAM ?

La moindre photo sortie d’un smartphone compte désormais entre 10 et 50 millions de pixels et la vidéo est en 4K. Le digital asset management (DAM) est le moteur pour tous les médias et leurs métadonnées. C’est l’unique source de contenu pour alimenter l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise.

Emergence des besoins de gestion des actifs numériques

Même si les premières solutions de DAM ont vu leur émergence au début des années 90, avec des systèmes essentiellement On-premise (Xinet), il a fallu attendre le début des années 2000 et l’essor d’internet et des premiers standards du web (HTML, CSS…) pour voir apparaître les premières solutions SaaS.

Le marché s’est rapidement partagé entre des solutions anglo-américaines souvent orientées pour les grandes entreprises (OpenText, MediaBeacon…) ou pour la gestion de médias de production (print, vidéo, agence...) et a vu l’émergence des premières solutions web comme Orphea, Phrasea, Fotoware, Cumulus, Gesco, ePhoto Dam, Opsomai avec Opsis Media, westheque, Orkis ou encore Celum qui ont fait les belles années de quelques marques et institutionnels pour lancer leur transformation digitale.

À partir des années 2010, avec l’abandon des technologies flash et l’avènement du mobile, c'est l’arrivée de nouvelles solutions 100 % web (HTML 5, javascript, Angular…) qui va dynamiser ce marché et lui offrir de nouvelles perspectives. De nouveaux éditeurs sont apparus (Bynder, Keepeek, Wedia…), mais aussi quelques grands noms, comme Adobe ou Sitecore. Ces solutions, venues offrir une nouvelle expérience utilisateur, ont un peu “cassé les codes” des systèmes basés sur une organisation de dossiers.

Enfin, depuis cinq ans, cette accélération s’est accentuée avec le boom du e-commerce et le besoin de diffuser un média de bonne qualité n’importe où dans le monde sur les sites web B2B, B2C et e-commerce (format webpP, avif). Avec l’arrivée de nouveaux acteurs, comme Scaleflex ou Frontify, c’est l’expérience des marques qui est encore plus mise en avant, avec le développement de portails de marque personnalisables afin de diffuser les bons contenus aux bonnes personnes, avec les bons droits (brand guidelines, portail, etc.)

Cette accélération des besoins de gestion des actifs numériques à grande échelle entraîne inévitablement un jeu de fusions-acquisitions. Durant ces dernières années, les acteurs majeurs des années 2000 n’ont souvent pas su s’adapter au SaaS, que ce soit techniquement ou sur le modèle économique. On a ainsi vu Esko faire l’acquisition de MediaBeacon, Acquia celle de Widen, Sitecore celle de Stylelabs et, plus récemment, Canto celle de MerlinOne, Papirfly celle de Keepeek et Fotoware celle de Picturepark ou encore le rachat de Orkis. Une analyse plus fine montre aussi que nous assistons à l'entrée en scène de gros investisseurs (funds) qui, inéluctablement, accélèrent le fossé entre les petits et les gros éditeurs.

En effet, l’intégration des technologies d’intelligence artificielle (IA), d’IA générative (GenIA) et plus globalement de services avancés dans le DAM requiert des besoins de financement conséquents. Alors, quid de la souveraineté ? Ces prises d’investisseurs sur le marché deviennent un vrai dilemme pour nos éditeurs français. Cela n’empêche pas la créativité, comme celle d’Einden qui, pour sa solution Ephoto Dam, développe des services IA souverains via des universités nationales. Mais il faut aussi reconnaître que l’orchestration des technologies va favoriser les “grosses fortunes” pour répondre aux besoins de marchés comme le e-commerce, où les intégrations sont la clé d'une expérience client réussie.

Le marché mondial du DAM

Selon VMR, le marché mondial de la gestion des actifs numériques (DAM) devrait connaître un taux de croissance annuel composé (TCAC) stupéfiant de 24,0 % entre 2020 et 2027, pour atteindre une taille de marché de 17,5 milliards de dollars d'ici 2027. C’est un marché mondial tiré par les États-Unis, l’Asie, puis l’Europe. 80 % des demandes portent sur les services SaaS, mais pas que, car de nombreuses organisations doivent également gérer de très importantes quantités de contenus, notamment des vidéos dans les domaines de la postproduction, de la télévision, du spectacle, du sport, etc. En effet, il peut devenir compliqué de se baser essentiellement sur des infrastructures SaaS lorsque l’on doit téléverser des téraoctets de vidéos par jour. C’est là que les solutions de media asset management (MAM), comme Iconik, Perfect Memory, Moments Lab ou OpenText entrent en jeu, installées sur site ou en mode hybride.

2024 Marketing Technology Landscape Supergraphic — 14,106 martech products (27.8% growth YoY)

Lorsque l’on prend un peu de latitude, ce marché du DAM reste une niche dans la niche, comme le montre parfaitement le site ChiefMartec, avec sa carte de l’ensemble des solutions marketing du marché (1). Le secteur des technologies marketing a connu une croissance pour la 13e année consécutive et compte désormais 14 106 produits technologiques, soit une augmentation nette de 3 068 solutions par rapport à l’an dernier (il s’agit d’une croissance incroyable de 27,8 % !). Ce qui est surprenant, c’est que le taux de désabonnement n’a été que de 2,1 % entre 2023 et 2024. Seulement 263 d’entre elles ont disparu du paysage en 2023. Deux autres statistiques méritent d’être soulignées : tout d’abord, depuis la première carte de 2011 jusqu’à celle publiée en 2024, il y a eu une croissance stupéfiante de 9 304 % du nombre de solutions “martech” sur le marché. En lissant cette courbe sur les 13 dernières années, on obtient un taux de croissance annuel composé remarquable de 41,8 %.

Lorsque le moment est venu, on comprend vite que le choix de la bonne solution peut vite devenir un parcours complexe. Il est toujours bon de se faire accompagner par des experts dans le domaine comme nous essayons de le faire chez Activo. Tout lancement de projet ou d’appel à proposition doit s’accompagner d’une liste précise de l’expression des besoins, sans se transformer en “liste au Père Noël”. Il convient de prendre le temps d’énumérer des cas d’usage, de préparer un véritable scénario de démonstration et de proposer un jeu de média. Il peut être utile aussi, après avoir identifié deux éditeurs, de lancer un Poc (proof of concept) afin de s’assurer de la pertinence des solutions auprès des métiers (communication, marketing, gestionnaire des médias et SI).

Il n’est jamais évident de dresser une carte exhaustive des solutions. Chez Activo, propriétaire du site DAM News, mettons à jour une carte du marché du DAM, avec une approche agnostique (voir illustration).

Il n'y a pas une solution mais des solutions pour répondre à tous les besoins

Les 8 fondamentaux du DAM :

En 2025, huit éléments majeurs peuvent orienter le choix d’une solution (2) :

1- Gestion des fichiers :

- Support HD de tout type de média images (jpeg, tiff, eps, gif, png, bmp, heic, heif) ;

- Support des fichiers natifs Adobe Photoshop, InDesign, Illustrator (avec support de la prévisualisation générée par Adobe) ;

- Support de tout type de vidéo-audio (mov, mp4, mp3, m4v, wmv, avec différents codecx H264 - H265) ;

- Support des fichiers raw optionnels (Nikon NEF, Canon CR2, DNG).

2- gestion des transformations :

c'est-à-dire des dérivés des fichiers HD dans différents types de format et tailles. Idéalement, ces transformations peuvent être générées à la volée, permettant de limiter le nombre de fichiers produits pour différents usages (Dam durable). Ce point est important car les solutions modernes ne le permettent souvent pas.

3-gestion des métadonnées :

Support des métadonnées standards IPTC, EXIF, XMP associées aux fichiers en lecture-écriture. Il est important aussi de pouvoir créer des métadonnées personnalisées basées sur différents types (booléen, string, énumération, case à cocher, nombre, texte, date…). Les métadonnées sont en effet la base d’une solution de Dam si l’on désire organiser ses médias au mieux. Certaines solutions proposent une gestion avancée avec des thésaurus, des taxonomies avancées avec une gestion de dépendances, des facettes… Le support intégral de l’IPTC se fait de plus en plus rare, à tort, car il ne se cantonne pas simplement à la presse, au sport et aux agences photos. En effet, une fois inséré dans les images, l’IPTC optimise leur référencement (SEO) lors de leur diffusion. Suivant les droits et permissions associés, les utilisateurs pourront téléverser des médias avec ajout de métadonnées obligatoires, et les éditer dans le Dam par unité ou en masse.

4- gestion avancée des droits sur les images :

Avec support de date d’expiration, du crédit IPTC, du fichier de licence. Ce point est fondamental pour faire du Dam un vrai coffre-fort et ne pas diffuser des images avec des droits d’usage expirés.

5- gestion fine des droits et permissions :

Il est important de pouvoir isoler les contenus par type ou au regard des métadonnées et des utilisateurs.

6- la gestion des utilisateurs internes et externes :

Celle-ci doit être connectée au dictionnaire de l’entreprise (SSO- ADFS) et organisée dans le Dam autour de groupes et de profils pour une meilleure sectorisation des contenus partagés.

7- des capacités de partage avancées :

Autour de collections, albums ou reportages, avec différents droits de consultation ou de téléchargement.

8- Le reporting :

C'est-à-dire la possibilité de disposer de données analytiques sur le cycle de vie des médias, leurs usages, leur performance et l’activité globale des utilisateurs.

Ces éléments constituent la fondation de tout système DAM, encore appelé “core Dam”. Malheureusement, avec le temps, certains de ces fondamentaux ont tendance à disparaître des solutions modernes.

Les tendance 2025

Les éditeurs se concentrent de plus en plus sur les attentes des utilisateurs de la marque qui sont à la recherche de personnalisation extrême ou de connecteurs spécifiques à leur besoin. Parmi ces tendances, on peut lister :

- Les brand guidelines : ou encore les portails qui permettent de personnaliser le Dam à la manière d’un CMS. C’est au cœur des besoins de la marque en recherche de personnalisation pour chacune de ses entités afin de partager les guidelines ou faire de l’éditorial pour le lancement de campagnes. Parmi les acteurs, on trouvera Bynder, Frontify, Papirfly, Wedia, Scaleflex, Acquia, etc. ;

- La diffusion est aussi au cœur des dernières tendances, afin d’alimenter tous les canaux de syndication depuis le média original, que ce soit pour les sites web, le e-commerce ou les réseaux sociaux. Cette “digital asset transformation” permet de personnaliser le format et la taille du visuel, d’appliquer des effets (bordures, couleurs, détourage du fond, point de focus), que ce soit pour les images ou les vidéos. Cela s’accompagne de services CDN (content delivery network) : chaque média devient une URL reliée au Dam afin d’optimiser sa diffusion, quel que soit l’endroit du monde ou se trouve le client appelant le média.

- l’IA est évidemment au cœur de toutes les dernières tendances et beaucoup d’éditeurs essayent avec plus ou moins de succès d’intégrer des services d’IA ou de GenIA (Amazon, Microsoft, Google, ChatGPT…). Le premier besoin est dans l’indexation “automatique” sur base de mots clés. Même si les résultats s’améliorent, avec notamment l’OCR (un peu comme dans votre smartphone), les technologies restent trop souvent adaptées à la langue anglaise et toutes ne permettent pas aujourd’hui de “mapper” un vocabulaire contrôlé via les taxonomies. Le rôle des documentalistes reste encore fondamental et ils peuvent plus intelligemment utiliser les services d’IA pour optimiser l’indexation et gérer au mieux synonymes et candidatsLes documentalistes restent encore utiles et peuvent plus intelligemment utiliser les services d’IA pour gérer aux mieux synonymes et candidats

Discussion à OnDAM Paris 2024 sur les bénéfices de l'IA dans la DAM avec Luc Julia et Frédéric Bardeau

- Qui dit IA dit aussi confiance et traçabilité des contenus. Heureusement, des solutions comme Imatag ou Trust My Content permettent de suivre la diffusion des images et valider la provenance des contenus ;

- Enfin, la connexion à l’univers de l’entreprise est souvent une priorité, que ce soit avec des solutions de product information management (PIM), comme Akeneo, inrRiver, Qu'able ou Salsify, ou avec des CMS (Wordpress, Drupal, Contentful, Storyblok…). Ces marketplaces constituent un peu “une course à l’armement” et, si ce sont donc souvent les éditeurs les plus fortunés qui peuvent se le permettre, il est aussi question de partenariats intelligents. Comme le disait justement Steve Jobs en 1997, lors de son retour chez Apple, une expérience client se construit en étant assis auprès du client pour comprendre son besoin et non pas en essayant de “marketer” une liste de fonctionnalités.

On trouve aussi les connecteurs à la suite Adobe CC (Santa Cruz Software, CI HUB, Silicon Publishing) afin de permettre aux créatifs de se connecter aux DAM, mais cela reste des solutions de secours plus que de production, surtout avec l’augmentation du débit d’internet. L’édition en ligne fait partie des éléments clés pour personnaliser les contenus, tel que Flyer, ou les éléments de campagne via des technologies diverses souvent basées sur InDesign server ou IDML (Santa Cruz Software, Bynder, Wedia, Frontify, Papirfly, Chili Publish). Là aussi, cela reste réservé à des documents simples et InDesign est peu adapté au digital, avec des performances moindres. C’est ainsi que l’on voit les marques utiliser de plus en plus les services de Canva, qui allie performance et coût.

- Enfin nous nous devons d'évoquer le sujet du DAM durable, mis en avant déjà l'année dernière par Archimag lors d’une journée dédiée ou sur OnDAM Paris 2024 avec la signature d’une charte par tous les éditeurs du marché. Même si le digital ne représente que 4% des émissions CO2 dans le monde, il est important que chacun y apporte sa quote part. On voit ainsi des solutions se connecter à du stockage froid comme la solution Keepeek, Scaleflex, Alphasia et certains MAM pour venir archiver certains contenus sur des glaciers.

Vers une expérience client réussie et performante :

Une solution de DAM permet aux équipes de mettre fin au chaos engendré par la prolifération des contenus et la démultiplication des interlocuteurs et des points de contact. Et ce, grâce à des solutions innovantes et intuitives qui tiennent compte de la façon dont les utilisateurs veulent travailler avec un écosystème intégré. Le DAM est l'allié des marques, des acteurs de la grande distribution, des agences, des musées ou des institutions : la plateforme unifie et transforme la création et le partage des contenus en accompagnant les équipes, clients et entreprises vers une expérience client réussie et performante. Une solution de DAM moderne doit aussi se montrer durable, afin d’apporter sa pierre à l’édifice pour un monde meilleur.

Enfin un projet de DAM réussi doit aussi inclure la mise en place d’un plan d’onboarding des utilisateurs (formations, communication, retours d’expérience) - Design Thinking.

Vous pouvez retrouver tous ces éléments sur le nouveau site DAM News FR.

Comme nous disons chez Activo, la réussite d'une transformation digitale, c’est 5% de technologie et 95% de process et people.

(1)   -> chiefmartec.com/2024/05/2024-marketing-technology-landscape-supergraphic-14106-martech-products-27-8-growth-yoy/

(2)   DAM News a défini de façon précise les points majeurs que doit couvrir une solution de DAM dans son “DAM data dictionnary”, qui se base sur le Dam maturity model. -> digitalassetmanagementnews.org/open-specification/spec/
La version française est disponible sur www.damnews.fr.

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